Quand l’administration se transforme | Magali, STU promo 2011
Magali clôture son cursus académique qu’elle a effectué entièrement à Sciences Po par un stage à la SAMOA (la société d’aménagement du projet urbain de l’île de Nantes). Elle est chargée d’y organiser la « Conférence métropolitaine », un événement annuel qui rassemble les acteurs de la métropole Nantes/Saint-Nazaire et leur donne l’occasion de réaffirmer leur volonté de construire ensemble le futur de leur territoire. Pour cette cinquième édition, la Conférence s'intéresse plus particulièrement aux démarches prospectives locales. Dès ses débuts, Magali s'est donc spécialisée sur les questions de gouvernance, et cette première expérience d’un an lui a permis d’affiner sa connaissance du fonctionnement des éco-systèmes territoriaux métropolitains.
Alors que sa mission touche à sa fin, Magali est invitée par la 27e Région, qui lance à l'époque son programme La Transfo en Région Pays de la Loire, afin de présenter le panorama des démarches prospectives en cours sur le territoire. Différentes connexions heureuses se font à ce moment puisque ses échanges avec un camarade de promotion qui travaille sur les questions de prospectives pour la 27e Région et sa rencontre avec Romain Thévenet, co-fondateur de la 27e Région, lui offrent l’opportunité de collaborer avec cette structure, à temps partiel et sous le statut d’auto-entrepreneur dans un premier temps. En janvier 2013, elle intègre finalement l'équipe permanente de l'association en tant que chargée de développement, en étroite collaboration avec Stéphane Vincent, le délégué général.
Pour comprendre le parcours de Magali, il faut comprendre le rôle de la 27e Région, laboratoire de transformation publique unique en son genre. Initiée par la FING (fondation internet nouvelle génération) en 2008, l'association est née comme une sorte de laboratoire d'innovation de l'ARF, l'association des Régions de France, pour imaginer le fonctionnement d'une "Région idéale". Concrètement, la 27e Région teste de nouvelles façons de concevoir des politiques publiques, grâce, notamment, aux méthodes du design de services.
Pourquoi le design ? Pour Magali, le design apporte des outils de conception et de modélisation qui permettent de remettre la question des usages au coeur des dispositifs publics et facilitent l’expérimentation, des caractéristiques fondamentales pour innover dans l'action publique. La 27e Région n’est pas une structure hors-sol mais plutôt un do-tank dont les programmes s’inscrivent concrètement dans les politiques des Régions adhérentes avec lesquelles elle travaille au changement de leurs modes d’action. La 27e Région s’inspire de multiples influences culturelles telles que le design de services, la culture du libre et de l’open-source, l’innovation sociale, les mouvement d’éducation populaire etc… Sa démarche s’inscrit généralement en contre-pied des solutions apportées par les grands cabinets de conseil, auxquels les administrations publiques ont trop souvent eu tendance à déléguer "la matière grise" et les réflexions stratégiques, au prix d'un mal être croissant chez les agents. Au contraire, le pari de la 27e Région consiste à montrer que l’administration publique est en mesure de se renouveler, qu’elle en a les ressources et le potentiel créatif. Dans un contexte où la RGPP et le new public management semblent avoir affaibli sa capacité d’action, les expérimentations proposées par la 27ème Région mettent en avant des innovations là où souvent on ne les attend pas !
Au sein de cette structure, Magali occupe un rôle de coordination important à travers sa fonction de chef de projet. Ses missions relèvent ainsi beaucoup du contact humain, puisqu’elle coordonne les équipes de "résidents" qui mènent à bien les programmes et participe à valoriser les expérimentations qui en sont issues.
- Elle passe beaucoup de temps sur le terrain, auprès des équipes et des partenaires, ou sur skype à discuter avec les équipes et "prendre le pouls" des projets, mais aussi avec le délégué général qui assure une mission de représentation et doit être constamment au courant des travaux en cours. Son travail demande donc une compréhension fine des enjeux politiques et des compétences humaines.
- L'autre partie de son travail consiste à travailler au développement des nouveaux projets de l'association, dont RE•ACTEUR PUBLIC, nouveau programme associant l'Etat et les collectivités locales pour inventer une nouvelle culture de l'action publique.
Avec ce type de missions et des projets qui sont répartis sur l'ensemble de la France, ce poste lui demande un investissement particulièrement important, impliquant une tension constante dans son travail qui peut parfois s'avérer fatigante… et finalement assez proche du rythme des consultants ! Si Magali a mis du temps à y trouver sa place et a parfois du mal à assumer la position de "recherche permanente" qu'elle implique, elle est heureuse de travailler pour une structure qui défend des valeurs et "des modes de faire" qui lui correspondent.
Les conseils de Magali
Ne pas dévaloriser les fonctions de "coordination". Avec nos profils, nous nous retrouvons souvent dans des rôles de "super-coordinateurs / gestionnaires de projets", ce qui peut parfois être vu comme une fonction superflue, pas essentielle ou pas assez concrète, voire frustrante. Mais cette position "d'interface" est en réalité essentielle, donc il faut savoir l'apprécier à sa juste valeur. Aller vers des expériences où l'on est amenés à confronter nos pratiques à d'autres compétences et d'autres profils est toujours extrêmement enrichissant, même si ça n'est pas toujours très confortable au départ. L'avantage de nos profils est que l'on s'adapte assez bien à des contextes assez différents, il ne faut donc pas hésiter à suivre ses envies et aller explorer d'autres champs qui nous plaisent !