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Portrait
Portrait de Karim Goessinger (GLM 2012), Programme Director du Cairo Institute for Liberal Arts and Science (CILAS)

Portrait de Karim Goessinger (GLM 2012), Programme Director du Cairo Institute for Liberal Arts and Science (CILAS)

Publié le | Portraits d'anciens
Portrait réalisé par Cyprien Butin le 15 mars 2014

Pour ce premier portrait d'un ancien élève du master Governing the Large Metropolis, je suis allé rencontrer Karim Goessinger, diplômé 2012, et qui est aujourd'hui "Programme Director" du Cairo Institute for Liberal Arts and Science (CILAS) qu'il a lui-même fondé il y a un an. Il me reçoit chez lui, au Caire, dans un très bel appartement situé entre le Nil et le zoo de Giza.

De père autrichien et de mère égyptienne, Karim a grandit à Francfort, en Allemagne. Il garde cependant une grande proximité avec ses deux pays d'origine où il passe l'essentiel de ses vacances. Deux premières expériences seront décisives dans son intérêt futur pour les questions urbaines.

Tout d'abord, l'Abitur (équivalent du Bac en Allemagne) en poche, il s'envole pour le Pérou et l'Equateur où il travaille notamment dans une institution de microcrédit. Il est alors en contact direct avec des petits entrepreneurs. La même année, il fait un stage en Egypte au sein de l'agence de coopération allemande GIZ. Celle-ci travaille sur un projet de réhabilitation dans le quartier informel de Manshiet Nasr où habitent les fameux "zabbalines" ou "chiffonniers du Caire". Là encore, il est en contact avec les acteurs locaux. Il constate les blocages créé par les différences de langage et de mobiles avancés par chaque acteur, entre recherche du profit, légitimité et qualité de vie. La dimension sémantique devient pour lui incontournable.

En premier cycle, il fait des études à Maastricht dans un Liberal Arts College où il se spécialise en philosophie politique. Il voue un intérêt particulier pour les théoriciens de la justice, Susan Fainstein notamment. En troisième année, il part pour Rio de Janeiro. L'inégalité entre les favelas et un quartier chic comme celui d'Ipanema l'amène à s'intéresser à l'approche socio-spatiale.

Pour le master, il hésite beaucoup entre continuer son étude des théories de la justice à University College London (UCL) et le tout nouveau master GLM de Sciences Po dont la plaquette de présentation l'a beaucoup attiré. Il choisit finalement cette dernière université pour le côté professionnalisant, l'idée qu'il se fait de la pédagogie continentale, "plus rigoureuse" me dit-il, et la proximité culturelle sachant qu'il est francophone tout comme sa famille égyptienne.

À Sciences Po, il est vite déçu : d'une part, il y a une faible cohésion entre les étudiants du collège universitaire, plus jeunes et déjà intégrés, et ceux venant de l'étranger. Un programme d'intégration plus conséquent aurait facilité la création d'un véritable "esprit" de master me dit-il. D'autre part, la pédagogie ne lui convient pas vraiment. Les professeurs ne sont pas disponibles à la fin du cours et la quantité de connaissances a ingurgiter est beaucoup trop grande, ce qui tranche avec son expérience de premier cycle.

Pour son stage de quatrième semestre, il travaille à la banque allemande de développement – KfW – sur un projet de la Banque Mondiale en lien avec les questions de gouvernance locale en Afrique subsaharienne.

Un fois diplômé, il réfléchit à ce qu'il pourrait faire et finalement entreprend la création au Caire d'une plateforme de "Liberal Arts" – CILAS – avec pour ambition de faire le lien entre la ville et une éducation accessible au plus grand nombre (malgré le fait que les cours soient exclusivement en anglais, et non en arabe ?) et au service de tous. Il fait alors appel à ses anciens camarades de Maastricht et de Sciences Po (pas de GLM pour l'instant, mais il est ouvert à toute proposition pour devenir "fellow" !).

Par ailleurs, CILAS est une façon de "corriger les défauts éducatifs de GLM" me dit-il en plaisantant. L'approche par l'espace (et nom par secteur) des politiques est pour lui très pertinente. Il reprend de plus les trois piliers de la maquette du master – théorie, stage, et projet collectif – pour son propre programme. Cependant, GLM gagnerait s'ouvrir à des profils plus diversifiés ainsi qu'à s'appuyer sur des sources autres que des articles universitaires.

Son conseil aux étudiants de GLM et d'STU

Ne pas hésiter à utiliser d'autres moyens pour étudier la ville par exemple par le biais du cinéma, de la musique, des voyages, des blogs... A ce sujet, il me donne l'exemple du Caire où des webzines comme JadaliyyaMada Masr et Cairobserver relayent des analyses de très grande qualité sur les questions urbaines.


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