Guillaume Ragon - STU 2014 - Consultant chez Wavestone
Après avoir suivi le collège U de SciencesPo, tu termines le master STU par un stage au sein de la communauté d’agglomération d’Evry Centre Essonne. Qu’est-ce que ce stage t’apporte ?
Ce stage m’a permis de travailler au service d’une collectivité territoriale sur un projet d’aménagement du territoire, à savoir un cluster axé sur l’économie du sport, accolé au Grand Stade de la Fédération Française de Rugby. J’intervenais au niveau du pilotage pré- opérationnel, en amont de la définition de la programmation urbaine. Le projet posait beaucoup de questions, notamment sur l’impact environnemental d’une telle infrastructure et les retombées économiques pour le territoire. J’ai donc réalisé un benchmark mondial permettant d’apprécier l’impact des stades de grandes capacités sur un territoire, participé à l’animation du débat public national (réponse aux questions sur le projet), mais aussi auditionné les cabinets d’architectes dans le cadre d’un dialogue compétitif de maitrise d’œuvre urbaine.
Je n’ai cependant pas eu l’occasion de poursuivre mon intervention sur ce projet (faute d’opportunités en interne...). Mais cette expérience enrichissante m’a néanmoins confirmé que j’appréciais travailler avec le secteur public et c’est quelque chose que j’ai gardé pour la suite.
Effectivement, après deux mois de recherche d’emploi, tu intègres la branche secteur public du cabinet de consultant CSC. Concrètement quel était ton travail ?
En tant que consultant pour le secteur public, j’interviens comme prestataire. Pour faire simple, les administrations ont souvent des projets pour lesquels, elles n’ont pas les ressources nécessaires que ce soit en termes de personnel, de compétences spécifiques, ou encore de méthodologie. Dans ce cas, elles peuvent faire appel à un cabinet de consultants.
Concrètement, cela signifie que l’on se rend chez le client, on l’écoute, observe sa situation et on cherche la solution la plus adaptée à ses besoins. En général, il s’agit d’aider une administration à se moderniser ce qui peut passer par la définition d’une nouvelle ligne stratégique, une refonte organisationnelle, la mise en place de certains projets.
Au bout d’un an, tu changes de cabinet et intègre Kurt Salmon (devenu Wavestone depuis juillet 2016). Tu travailles toujours pour le secteur public ?
Effectivement, je travaille toujours avec le secteur public mais mon quotidien est très différent. D’un cabinet de consultants à l’autre, le mode de fonctionnement peut varier assez fortement.
Chez CSC, je travaillais principalement en régie chez le client (full time comme on dit dans le jargon). Ce n’est pas une place que je trouve très gratifiante. Comme il s’agit principalement de suivi opérationnel de projet, il n’y a pas énormément de temps pour la réflexion. Même si un manager du cabinet de consultants vient régulièrement, on travaille sous la direction du client dans ses locaux. Du coup, je faisais ce que quelqu’un d’autre aurait pu faire dans l’entreprise.
Aujourd’hui, j’interviens sur deux à trois missions en même temps. J’ai des clients très divers avec par exemple la Caisse des Dépôts et des Consignations, le Ministère de l’Economie et des Finances, des collectivités territoriales comme le conseil régional PACA ou même l’Opéra National de Paris. Je travaille moins en régie et plus au bureau. C’est plus stimulant intellectuellement car nous intervenons en amont des projets de transformation.
Au quotidien je partage mon temps entre le contact avec les clients (suivi de projet, animation d’ateliers de travail sur site) et la production (support de présentation, comptes- rendus, rédaction de propositions commerciales). Peu importe la mission, le principe est le même. Il s’agit de chercher de l’information, la récupérer, la traiter, faire passer un message puis le valider.
Qu’est-ce que tu apprécies dans le métier de consultant ?
La variété. Les clients changent et le contenu des missions varie aussi. Il est très rare de s’enfermer dans une routine en étant consultant, ça me paraît même impossible. On est dans un milieu jeune qui bouge beaucoup. Nous avons quasiment tous entre 24 et 28 ans et je ne compte plus les diplômés de SciencesPo ou de STU. D’une certaine manière, on reste dans une poursuite d’étude. A chaque nouvelle mission, on acquiert des compétences et des connaissances qui seront valorisables pour la suite, que l’on souhaite ou non continuer dans le consulting.
Il y a aussi un fort esprit de solidarité et de camaraderie entre consultants. Comme les clients payent assez cher, ils veulent en avoir pour leur argent. Il peut y avoir une pression importante qui est mise à la fois par les clients et les manager sur les résultats mais aussi sur la posture. On attend du consultant une certaine présence, une certaine manière de dire les choses et puis bien entendu des résultats. Il y a par moments un gros volume horaire et le premier mois, il faut vraiment prendre du recul et s’accrocher. Mais justement ça développe l’esprit d’entraide et finalement on passe aussi du bon temps. Il faut simplement rester humble, être prêt à se remettre en question ou refaire son travail si le résultat ne correspond pas aux attentes.
Enfin le salaire d’entrée est intéressant et l’évolution vraiment rapide.
Tu as parlé d’humilité. Selon toi qu’elles sont les qualités importantes pour devenir un bon consultant ?
Je dirais être curieux et avoir une bonne écoute. Il faut être capable de partir à la recherche des informations sans attendre qu’elles viennent à nous. Avoir envie de les trouver, savoir entendre et comprendre ce que cherche le client, souvent lire entre les lignes et décrypter les jeux d’acteurs.
La rigueur et l’esprit de synthèse sont aussi très importants. Au niveau des productions, il faut pouvoir rendre dans un temps donné un travail synthétique, clair et précis. Il est essentiel de savoir prendre de la hauteur pour proposer des solutions pertinentes.
Enfin, il faut être sociable, ne pas avoir peur d’aller vers les gens et être un bon communicant. Il y a les résultats mais la manière dont on les expose compte aussi énormément. Il faut avoir du tact et un certain sens du relationnel, notamment pour être capable de dire les choses sans froisser le client.
Personnellement envisages-tu de continuer dans cette voie ?
A long terme non. Je pense rester encore deux ou trois ans mais je n’ai pas envie de devenir manager. Sur le fond, j’aimerais me réorienter vers de problématiques liées à l’aménagement du territoire, au transport et à la mobilité. J’ai déjà travaillé ces thèmes notamment lors de mon projet collectif en STU et je sais que ça me plait.
Notre projet collectif était commandité par SNCF réseau et la DATAR, et portait sur les enjeux de mobilité des villes à une heure de Paris. Nous avons dressé une typologie de ces villes en fonction de leur tissu économique et social, de leur position vis à vis de Paris, dans le but de proposer des solutions de mobilité ferroviaire adaptées à leurs besoins. D’une certaine manière, c’était déjà une initiation au métier de consulting.
Et pour finir, si tu avais un conseil à donner à des étudiants actuels, que dirais-tu ?
Je leur dirais de ne se fermer aucune porte. En avançant on se rend compte que dans la vie ça se passe rarement comme prévu et que ça ne se passe pas forcément mal pour autant. En sortie d’étude, on n’imagine pas toutes les directions que peut prendre une carrière. Je pense qu’il faut considérer toutes les opportunités.
Par exemple, même si ce n’est pas forcément ce que l’on veut faire par la suite, le consulting peut être une porte vers autre chose. Ce sont des postes sur lesquels on est très mobiles ce qui permet de se faire un bon réseau. Personnellement, j’ai rencontré mon employeur actuel lors d’une mission avec mon précédent cabinet. Je sais aussi que lorsque je souhaiterai me réorienter, j’aurai déjà un réseau actif et utile ce qui est une grande force.