Accéder au contenu principal
Portrait

Frank Zschiegner – STU 2006 – Responsable de l’équipe du développement économique à la communauté d’agglomération de Versailles Grand Parc

Publié le | Portraits d'anciens
Portrait réalisé par Julie Teissedre

In Situ avait rencontré Frank Zschiegner en 2013, il était chargé de mission développement économique à la ville de Vélizy-Villacoublay Le portrait nous laissait curieux en prévoyant que :

« Cela fait maintenant bientôt 4 ans que Frank travaille à Vélizy, mais un changement important se profile car la compétence de développement économique va être transférée à l’agglomération. Malgré l’incertitude, cela constitue pour Frank une perspective enthousiasmante en lui donnant l’opportunité de travailler à une nouvelle échelle. »

3 ans plus tard c’est maintenant lui le responsable de l’équipe. Et, comme annoncé, il travaille maintenant à la Communauté d’agglomération de Versailles Grand Parc.

Mais alors, qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Voici 4 questions à Frank Zschiegner par Julie Teissedre.

Quel est l’objectif de l’équipe du développement économique ?

La mission de l'équipe du développement économique est de renforcer l'activité économique du territoire ; à la fois de manière endogène, en favorisant les conditions de travail et les synergies des entreprises déjà présentes et de manière exogène, en y attirant de nouvelles entreprises.

Quels sont les rôles qui composent ton équipe de développement économique ?

L'équipe de développement économique est composée de 3 personnes et de moi-même.

Une personne est en charge de l'observatoire économique. Elle collecte les données sur les entreprises et sur le marché foncier des locaux professionnels. Cela permet de répondre de façon précise aux demandes d’implantation et d’identifier les insuffisances du tissu économique pour affiner la prospection.

Une autre personne se charge de la relation aux entreprises : elle anime les clubs d'entreprises -certains sont autonomes grâce à leur maturité, d'autres non-, ainsi que le PDIE (Plan de Déplacement Inter-Entreprises) et organise des événements à destination des professionnels, notamment une rencontre annuelle inter-clubs et des petits déjeuners thématiques. L'année dernière, a été proposé un rendez-vous sur l’entrepreneuriat et l'innovation à HEC qui a eu beaucoup de succès. Le but est avant tout d’apporter la logistique et l'opportunité de se rencontrer : ce n'est pas notre rôle de se substituer aux clubs.

Une troisième personne a une mission spécifique, le développement d’une norme concernant « les parcs d’affaires durables » avec l’aide d’AFNOR. Le focus est mis – indépendamment de l’aspect écologique - sur l'amélioration des conditions de travail des salariés. Cette mission concilie aménagement et développement économique. Cela permet de stimuler la rénovation d'un parc vieillissant et de rehausser l’attractivité du territoire.

Mon rôle en tant que responsable est de superviser l'équipe mais aussi d'être le lien avec les partenaires extérieurs, principalement la région, l'État, les pôles de compétitivité et également l’OIN Paris-Saclay. J'informe des changements de dispositifs et, entre autre, je prépare les dossiers d'entreprises pouvant bénéficier d'un soutien étatique lié aux plans sociaux.

Quels sont les défis associés au travail à l’échelle de la Communauté d’Agglomération ?

Le périmètre de la Communauté d'Agglomération a été modifié à plusieurs reprises depuis 2003, ce qui a été source d'instabilité. Elle est maintenant composée de 19 communes. Le principal enjeu est donc de fédérer la volonté des élus, qui malgré leur même couleur politique, raisonnent encore trop souvent à l’échelle communale, ce qui peut aussi paraître légitime, dans la mesure où la représentation de leur commune fait partie de leurs attributions. La Commission des élus en charge du développement économique se réunit tous les 2 ou 3 mois, il faut donc préparer ces réunions, définir un ordre du jour et faire des propositions. La répartition économique de l’agglomération étant assez hétérogène (le Sud, tourné vers le Plateau de Saclay, a des zones d’activités très visibles, contrairement au Nord où l’activité économique est plus diffuse), les élus possèdent une vision différente, c’est pourquoi le travail sur le projet de territoire passe par un consensus sur les objectifs prioritaires et les moyens à employer pour les atteindre. De plus, toutes les communes ne sollicitent pas la CA de la même façon. Les communes les plus petites y font régulièrement appel, alors que les communes les plus importantes, auto-suffisantes, disposent des ressources en interne et leurs problématiques n'atteignent pas toujours la CA.

D’autre part, l’économie est un domaine qui est interdépendant de beaucoup d’autres sujets : les transports, l’aménagement, etc. Heureusement, la direction est conjointe pour le développement économique, les transports et l'aménagement, ce qui permet de travailler en transversalité. Cependant l'interaction n'est pas simple. Dans de nombreux domaines, nous ne sommes pas décideurs. Par exemple, les transports relèvent de la décision du STIF et de la Région. De même pour le très haut débit, sujet d'actualité, il faut notamment négocier avec les opérateurs.

Enfin, la Communauté d'agglomération doit trouver son positionnement économique. En interne, il faut prendre en compte le poids prépondérant de la ville-centre Versailles.  En externe, la Communauté d’Agglomération est prise « en sandwich » entre la Métropole du Grand Paris, la Communauté d'agglomération de St Quentin et celle du Plateau de Saclay, qui ont des positionnements business plus marqués. Les élus n'ont pas forcément conscience de cette concurrence, ni de la dépendance par rapport à la dynamique régionale francilienne. Cette concurrence est accentuée par le fait que chaque échelle se revendique comme guichet unique !

Quels sont les défis associés au travail en lien avec les entreprises en tant qu’acteur public ?

En tant qu'acteur public, notre but est de créer une sorte de « cocon », un ensemble de services pour donner envie aux entreprises de rester sur place voire, de venir d'ailleurs pour s'implanter. En effet, l'attachement au territoire peut être amélioré. De nombreuses start-up et petites entreprises partent pour Paris, Londres ou ailleurs. La connaissance du rôle de l'échelle intercommunale en matière de développement économique pour une entreprise lambda est limité., c'est pourquoi il ne faut pas attendre que les entreprises contactent la Communauté d’Agglomération, mais il faut aller vers elles. Cependant, certains signes sont encourageants : 2 clubs d'entreprises qui viennent de se créer ont choisi d'utiliser dans leur nom l’appellation « Versailles Grand Parc », on peut donc penser qu'une identité est en train d'émerger.

L'autre difficulté majeure est de concilier les demandes de court-terme des entreprises avec des investissements publics de long terme. En effet, si leurs demandes ne peuvent être satisfaites, les entreprises peuvent rapidement prendre la décision de se délocaliser. Mais les investissement d'aménagement, en matière de haut-débit par exemple, sont très longs ; il s'agit de projets qui peuvent durer 5 à 10 ans. Il faut donc faire le lien entre ces 2 temporalités, ce qui demande beaucoup de relationnel et d'anticipation.

En conclusion, ce n'est pas un travail où je ne m'ennuie !


Publié le 12 mai 2016
In Situ a eu le plaisir de parler avec Caroline Megglé, diplômée de STU en 2008, de son parcours plutôt atypique. Touche-à-tout passionnée, sensible aux ques...
Publié le 25 mars 2016
Du « community development » au développement social urbain Pour ce nouveau portrait d’ancien, j’ai rencontré Thibault Hatton, qui est collaborate...

Suivez-nous

Copyright ©2007-2024 Association In Situ, tous droits réservés
Site réalisé par agence web corse