Laure Cardinal - STU 2008 - Chargée de mission évaluation au Commissariat général à l’égalité des territoires
Diplômée du master STU en 2008, Laure Cardinal est chargée de mission évaluation à la Direction des Stratégies Territoriales du Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET). Elle est une des fondatrices de In Situ (2007-2008), a été consultante chez Algoé (2011-2015) et est aujourd’hui Présidente de l’association Mon Voisin des Docks, l’association de l’éco-quartier des docks de Saint Ouen»… un portrait fait au printemps pour animer ce mois de novembre.
La stadtsoziologie berlinoise, au croisement des chemins
Laure intègre en 2004 le campus franco-allemand de Sciences Po à Nancy par la procédure internationale, après un an de prépa concours Lettres (une procédure qui n’est plus possible depuis 2011). De Nancy, elle part à Berlin faire sa 3ème année, « hors les murs » à l’université Humboldt. Elle y découvre et étudie la sociologie urbaine et la géographie. À Berlin, ces matières redoublent de sens du fait de l’histoire de la ville entre partition et reconstruction, visible dans la forme urbaine
Elle y prend goût pour « le phénomène urbain » et rejoint ensuite le master Stratégies Territoriales et Urbaines qui célèbre sa première promotion de diplômé.es. En première année de master, elle participe activement à la fondation d’In Situ qui voit le jour en novembre 2007 mené par l’équipe de deuxième année (Benjamin Panchout, Doriana Kostic, et Céline Moyon) ainsi que des anciens.
Entre les deux années de master, Laure s’essaye à une expérience courte de stage au CAUE (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement) du Val-de-Marne. « C’est une première expérience en région Île de France. « Une initiation et une immersion au milieu professionnel qui m’ont permis de tester ». C’est une expérience qu’elle recommande, ayant été du côté des recruteurs, car elle permet de répondre à l’exigence de multiplier les expériences professionnelles mais surtout car le stage de courte durée permet de tester un milieu professionnel dans lequel on n’est pas sûr de vouloir s’engager.
Cette immersion vient compléter celle de son projet collectif pour la DPVI (Délégation à la Politique de la Ville et à l’Intégration de la Ville de Paris). Elle y réalise une étude exploratoire sur les potentialités du tourisme urbain participatif, alors un sujet en émergence qui s’est beaucoup développé depuis (greeters, etc.). Cette étude visait à identifier les opportunités d’emploi pour les habitants des quartiers prioritaires.
Travailler sur les différents enjeux liés au développement des territoires
En fin de master, Laure commence un stage chez Setec Organisation, cabinet de conseil en stratégie et management, à Paris. Son diplôme en poche, elle est embauchée et continue de travailler chez SETEC Organisation où elle restera deux ans. Elle y fera des missions et études sur plusieurs thématiques telles que l’impact des grandes infrastructures de transport et d’équipements, le développement économique territorial ou encore l’organisation des collectivités locales.
Début 2011, elle rejoint Algoé, cabinet de conseil en stratégie territoriale, où elle reste jusqu’à fin 2015. « Ce sont les enjeux variés et la flexibilité intellectuelle que demande le métier de consultant qui m’ont le plus attirée. En revanche, cela exige aussi une très grande disponibilité du fait de la densité de travail» Elle a travaillé sur le Grand Paris, la politique de la ville, le Programme d’Investissements d’Avenir (PIA), ou encore la réforme territoriale.
« Les missions liées à la loi du Grand Paris ont été particulièrement stimulantes car, bien que le sujet ne soit pas récent, il y avait un aspect pionnier dans la démarche de construction métropolitaine: une page blanche à écrire ! » Elle connaît déjà le territoire de la région Île de France, mais cette fois elle travaille à la mise en mouvement des acteurs comme l’État, l’ANRU, les différents opérateurs de services et les acteurs des territoires en lien avec le Grand Paris.
De cette expérience de consultant dans le privé, elle y apprécie la diversité des sujets et le niveau des interlocuteurs. Ainsi, elle a pu être amenée à intervenir directement avec le niveau décisionnaire (élu.e, directeur ou directrice). Le métier de consultant permet souvent de travailler à un plus haut niveau qu’un.e chargé.e de mission par exemple. Néanmoins, le rythme de travail ne permet pas toujours d’approfondir les sujets apportés par chaque nouvelle mission.
En rejoignant la Direction des Stratégies Territoriales du Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) en tant que chargée de mission évaluation, en décembre 2015, elle souhaite ainsi passer plus de temps à lire et analyser de façon approfondie les problématiques auxquelles elle est confrontée. Après avoir accompagné pendant 7 ans des acteurs des territoires dans la mise en œuvre des politiques publiques, elle se rapproche de la réflexion sur la conception et l’évaluation de celles-ci. A la Direction des Stratégies territoriales’évaluation, elle est en charge de l’évaluation des politiques publiques d’égalité des territoires sur les thématiques de développement économique, de l’emploi et des entreprises. Il s’agit de dossiers sur lesquels on observe beaucoup de transformations, avec des impacts importants pour les territoires. L’enjeu est donc de produire un discours et des analyses sur ces transformations pour l’égalité des territoires.
Du privé au public, le contenu n’a pas tellement changé, si l’on considère que les « missions » d’hier sont les « dossiers » d’aujourd’hui. Au final il faut produire des recommandations. Mais, elle confirme que le rythme de l’administration centrale n’est pas celui du conseil, avec notamment des rigidités, des conservatismes et des inerties notables.
Les stratégies territoriales : des bancs de Sciences Po à la mobilisation citoyenne
Enfin, Laure est Présidente de l’association Mon Voisin des Docks, dans l’éco-quartier des Docks de Saint Ouen (1000 inscrits sur son site Internet monvoisindesdocks.fr). Ce quartier qui sera desservi en 2019 par la ligne 14, première ligne du Grand Paris Express, accueillera en 2017 la Région Ile-de-France, puis l’hôpital Nord-Francilien et de nombreux autres projets d’investissement. « C’est un creuset du projet « Grand Paris » ». « Notre mission au sein de l’association est d’abord d’animer la vie sociale du quartier, composé de nouveaux habitants qui viennent d’arriver dans un quartier neuf ». Ain Il s’agit donc pour l’association créée en 2013 de faciliter et d'organiser les relations sociales entre voisins, d'organiser des évènements réguliers : avec le sourire solidaire elle nous dit « comme ça, je mobilise des expériences apprises à l’association In Situ ». Mais la mission qui semble la passionner le plus, et qui mobilise chacune de ses expériences antérieures, c’est la place à prendre dans le débat public. « Si l’on veut se faire entendre, il faut être très impliqué dans la vie locale, connaître les institutions, être diplomate, faire la démonstration qu’on n’est pas dans une posture NIMBY, être constructif dans nos rapports avec les acteurs ». Même en 2016, donner la parole au citoyen.ne, riverain.e, usager.e est tout sauf une évidence dans la fabrication de la ville. Une manière finalement pour Laure de participer à la construction du Grand Paris, de manière citoyenne.
Ses conseils pour les étudiant·es de l’École Urbaine
Continuer à lire beaucoup
La lecture (que ce soit de la presse spécialisée, des articles de recherche, des rapports parlementaires...) ne doit pas s’arrêter avec les études, mais au contraire, doit se poursuivre au-delà, car le monde de la ville et des territoires évolue constamment. Les référentiels ont déjà beaucoup changé entre 2008, année de son diplôme, et aujourd’hui, et il est essentiel d’intégrer les mutations à ses pratiques professionnelles.