Portrait
Lily Munson - GLM 2017 - Secrétaire Générale de Villes Vivantes
Publié le | Portraits d'anciens
Portrait réalisé par Jonathan Motte le 27 Février 2025
Pour commencer, peux-tu nous faire un petit rappel de ton parcours et des raisons qui t’ont menée au master GLM ?
Mon parcours a été assez diversifié au départ. Après deux années de classe préparatoire, j'ai intégré l’École Normale Supérieure de Lyon, où j’ai obtenu une licence en Histoire et un Master 1 en Histoire contemporaine, sous la direction de Frédéric Abécassis. Mon mémoire m’a permis d’explorer des enjeux politiques et culturels sous le régime de Ben Ali, tout en m’intéressant à des questions internationales. Ensuite, j’ai dû préparer les concours de cadre A, c’est-à-dire le CAPES et l’agrégation. À l’âge de 22 ou 23 ans, j'ai été nommée prof d’Histoire-Géographie dans le Mont-Blanc. Je ne m’y voyais pas, ce qui m’a poussée à faire un second master, cette fois, à Sciences Po, où j’ai choisi le Master GLM. Ce programme m’a immédiatement séduite en raison de son approche combinée de l’international, de la politique publique, que je n'avais pas encore abordée sous un angle académique, et de l’urbanisme, un domaine qui m'intéressait beaucoup.
Quels ont été les enseignements les plus précieux du Master, et qu’as-tu fait comme projet collectif ?
J’ai véritablement apprécié tous les cours du programme, mais ceux de Tommaso Vitale m'ont particulièrement fascinée, en particulier les cours de théorie de la politique publique. C’était un domaine que je ne connaissais pas et qui s’est avéré crucial, surtout lorsqu’on se retrouve à en concevoir ensuite sur le terrain. Ces enseignements m’ont permis de mieux comprendre les dynamiques complexes de la gouvernance. J’ai aussi été très marquée par les cours de Patrick Le Gallès, dont l’approche de l’urbanisme m'a éclairée sur les enjeux de la gestion urbaine. Je garde également un souvenir particulièrement fort du cours de Stephen Kaplan, historien de la révolution française, qui nous a offert une analyse fascinante de l’histoire du pain et de ses enjeux politiques, géopolitiques, géographiques et sociaux en France.
Parallèlement aux cours théoriques, j'ai trouvé les modules pratiques, comme les sorties de terrain le samedi matin, extrêmement enrichissants. Je me souviens que nous avions eu des échanges riches avec une communauté de gens du voyage installée à St Denis. Ces rencontres nous ont permis de comprendre les dynamiques locales et de ne pas nous limiter à une vision top-down de l’urbanisme, mais de prendre en compte l’ensemble de l’écosystème urbain.
Concernant mon projet collectif, il a été réalisé avec Vinci et la Fabrique de la Cité, et portait sur la data et l’énergie. Ce fut un projet stimulant et complexe, en particulier grâce à l’équipe internationale avec laquelle j’ai travaillé, composée d’une Russe et d’une Sud-Coréenne. Cette expérience m’a offert un bel apprentissage de la dynamique de groupe et du travail en entreprise dans un cadre interculturel.
Peux-tu revenir sur tes premières expériences professionnelles ?
J’ai débuté mon parcours professionnel par un stage de fin d’études au cabinet de Jean-Louis Missika, adjoint à la Maire de Paris, Anne Hidalgo, en charge de l’urbanisme, de l’architecture, du développement économique et du Grand Paris. Travailler en cabinet politique est une expérience unique, car les dossiers sont très divers, les interlocuteurs de très haut niveau, mais on ne bénéficie pas forcément d’un encadrement classique. Cela m'a forcée à être autonome. Ce fut une révélation intellectuelle et politique. J’ai eu la chance de contribuer à une véritable révolution dans l’urbanisme et l’aménagement avec la mise en œuvre de méthodes inédites comme Réinventer Paris.
J’ai ensuite intégré le programme Data City, piloté par le NUMA, un incubateur. Ce programme m’a permis de travailler avec de grands groupes comme la RATP ou Bouygues sur l’exploitation de leurs données pour créer des prototypes. Cela a été une expérience très formatrice, notamment dans l’univers des startups et de l’innovation.
Tu es ensuite retournée au cabinet de Jean-Louis Missika, avant de prendre la direction de campagne d’Ariel Weil et de continuer ton parcours au sein de la Ville de Paris. Qu’en as-tu tiré de ces expériences ?
Mon expérience chez Jean-Louis m’a permis de travailler sur des dossiers très variés, mais aussi très complexes. J’ai été impliquée dans des projets de développement économique et d’urbanisme dans des arrondissements comme le 15e et le 16e, ce qui est une bonne formation en urbanisme réglementaire car on y rencontre souvent des résistances locales. En 2020, j’ai pris la direction de campagne du maire du 4e arrondissement, ce qui a été une expérience totalement nouvelle pour moi. Grâce à la confiance qu’il m’a accordé, j’ai eu le plaisir de coordonner des centaines de militants J’ai dû coordonner, gérer un budget conséquent, et faire face à la crise sanitaire du Covid, ce qui a compliqué la gestion de la campagne. Cette expérience m’a appris combien l’opérationnel, le terrain, est fondamental dans la politique.
Après notre campagne victorieuse, j’ai rejoint le cabinet du maire du nouveau secteur Paris Centre, Ariel Weil, où j’ai pris la charge des dossiers relatifs au logement social et à l’immobilier, pilotant en particulier les négociations visant à développer des projets de logement social. Ensuite, j’ai rejoint Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris, pour travailler sur des sujets liés à l’espace public et au foncier. J’étais particulièrement mobilisée sur la rédaction du Manifeste pour la beauté de Paris, qui a permis d’établir les lignes directrices de l'aménagement de l’espace public à Paris.
Ces beaux débuts te mènent chez Villes Vivantes où tu travailles aujourd’hui en tant que Secrétaire Générale. Peux-tu présenter cette ‘start-up d'urbanisme’, et décrire ton activité ?
Villes Vivantes est une entreprise qui opère des projets de densification douce en auto-promotion accompagnée. Nous accompagnons les particuliers dans la transformation de leur logement, leur permettant ainsi de rénover ou d’ajouter des surfaces supplémentaires sans avoir à passer par des promoteurs, c'est-à-dire, sans avoir à recourir à la vente de leur terrain. L’objectif est de répondre aux besoins de logement tout en préservant l'aspect patrimonial et affectif des propriétés et, surtout, sans étalement urbain ! Nous travaillons beaucoup avec des personnes âgées, par exemple, dont les maisons ne sont plus adaptées à leur besoin et dont les charges sont devenues trop importantes. Ces derniers ont souvent besoin d’appui pour comprendre les options qui leur permettent de rester le plus longtemps possible chez eux et de ne pas avoir à vendre la maison où ils vivent depuis des années.
En tant que Secrétaire Générale, je suis responsable des aspects administratifs, de la communication, des relations publiques et de la coordination interne des fonctions supports en lien avec le CEO et notre directrice des affaires financières. Nous avons également lancé la VV School, une école dédiée à l’urbanisme organique, qui propose notamment des formations gratuites pour les étudiants. Au quotidien, je m’occupe de la rédaction des contenus pour nos formations, de la coordination de nos projets de recherche, et des relations avec nos différents partenaires, comme Sciences Po d’ailleurs !
Aurais-tu un conseil à donner aux étudiants ?
Je leur conseillerais de ne pas hésiter à se lancer dans l’opérationnel, à ne pas se formaliser d’être “une petite main”, au début de leur parcours professionnel. À Sciences Po, on peut avoir une vision très théorique de ce que l’on va faire dans la vie active. Mais la réalité, c’est qu’il est essentiel de se confronter à l’opérationnel pour comprendre véritablement les enjeux. Quand on commence sa carrière, on peut avoir tendance à viser des postes en “stratégie”, mais c’est dans les tâches concrètes et dans la gestion de projets sur le terrain qu’on apprend réellement. C’est ce travail quotidien qui vous donne la véritable légitimité et la maîtrise des enjeux.
Marion Waller - GLM 2014 - Directrice Générale du Pavillon de l'Arsenal
Publié le 20 Octobre 2023
Bonjour Marion, peux-tu d’abord revenir sur ton parcours universitaire et sur les motivations qui t’ont conduite au Master GLM ? J’ai d’abord suivi un double…
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