Hugo Christy - GLM 2012 - Directeur Idées, Contenus & Communautés de REI Habitat
Comment devient-on Directeur Idées ?
Hugo Christy est un GLM 2013, qui s'est engagé à temps plein auprès d’Anne Hidalgo, à l’époque Première Adjointe chargée d’urbanisme et d’architecture, puis est parti à Manille (ICLEI) et enfin, est devenu journaliste, publier un livre et... voici de quoi prendre de la graine et savourer les nombreux conseils partagés.
Insertion professionnelle, de G en L jusqu'en M...
À travers les années, j’ai eu le plaisir de me consacrer à des activités très différentes – et, finalement, très complémentaires. Après un capstone à l’APUR pour une comparaison internationale des grandes institutions métropolitaines (l’idée était de nourrir la réflexion sur le Grand Paris), j’ai choisi de faire une pause dans mes études en 2012, pour m’engager à temps plein auprès d’Anne Hidalgo, à l’époque Première Adjointe chargée d’urbanisme et d’architecture. Cette année de césure au plus proche du lieu de la prise de décision politique a été absolument fondamentale pour moi.
Par la suite, pour achever mon master GLM, j’ai effectué mon stage de fin d’études à Manille, dans la branche Asie du Sud-Est d’ICLEI, pour piloter un programme d’adaptation au changement climatique dans 8 villes, en Thaïlande et aux Philippines. En plus d’une sensibilisation aux enjeux environnementaux, je retire de cette expérience une meilleure compréhension des différents « modes de faire », avec leurs vices et leurs vertus – y compris, en creux, des nôtres.
À mon retour, un virage de la vie m’a fait – temporairement – m’éloigner de l’opérationnel : je suis devenu journaliste dans un média professionnel spécialisé, Cadre de Ville. Une position de vigie extrêmement précieuse que j’ai exercée pendant près de 4 ans, qui m’a permis d’écrire quotidiennement pour un public de décideurs sur tous sujets liés à l’aménagement, l’immobilier, l’architecture et l’urbanisme ; et donc d’analyser les grands mouvements du moment, d’en rencontrer les acteurs, et d’en tirer les enseignements.
Plus généralement, être journaliste signifie également être partie prenante à la vie des idées dans son écosystème professionnel - ce que j’ai tâché de faire à travers l’organisation de multiples événements (colloques, conférences, salons…), la publication d’un livre décryptant les fonctionnements de ce fameux « urbanisme négocié » qui enthousiasme les uns et terrifie les autres, ou encore en enseignant à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée.
Tu prends part à la vie des idées, où en sont les tiennes ?
Agir ou écrire, il faut choisir : depuis le mois de mars 2017, je reviens dans le champ du projet concret et réel. J’ai rejoint REI Habitat, promoteur pionnier de la construction de logements collectifs en bois, et engagé dans l’invention de solutions d’avenir pour l’environnement et la ville de demain. Avec une certitude simple : le secteur immobilier peine à bouger aussi rapidement que le monde autour de lui. C’est pourtant là que se situent les leviers les plus intéressants pour construire un nouveau modèle de ville – et même, peut-être, un nouveau modèle de société.
Et donc, que fais tu en ce moment ?
Directeur Idées, Contenus & Communautés de REI Habitat, je participe en particulier au lancement d’une structure inédite : ReMake - une cellule expérimentation/action polyvalente, qui permettra de concrétiser des idées neuves, et de piloter des projets privés d’intérêt général en mêlant R&D, makers et nouveaux modèles économiques. Une initiative extrêmement novatrice qui participe à révolutionner le métier de promoteur, pour en faire un acteur vertueux et engagé. Avec déjà quelques projets emblématiques en gestation. Affaire à suivre…
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Hier encore, la création et l’administration de la ville suivait une logique de chaîne, partant de la décision politique pour descendre jusqu’à l’habitant. Entre les deux, les métiers s’organisaient en séquences : aménageur, urbaniste, architecte, ingénieur, travaux publics...
Aujourd’hui, pour différentes raisons, ce modèle simple et efficace vole en éclats. Les modes de faire n’ont jamais été aussi flexibles, complexes, imbriquées. Dans le même temps, on continue à former en masse des professionnels pointus et utiles : des architectes pour les bâtiments, des urbanistes pour les quartiers, des paysagistes pour les espaces publics, des ingénieurs pour les ouvrages, des économistes pour les bilans financiers, des écologues pour la faune et la flore… Et ainsi de suite.
Ces métiers resteront indispensables. Mais rares et précieux sont ceux qui réussiront à capable effectuer des allers et retours inventifs entre des disciplines qui ne communiquaient pas entre elles jusqu’il y a peu. Conclusion : l’avenir appartient aux profils hybrides. Mon conseil est le suivant : multipliez les approches, apprenez à manipuler des compétences stratégiques, intéressez-vous à tout, et partez à la rencontre de tous les métiers.
C’est d’ailleurs déjà ce qui s’observe chez les nouvelles générations : on voit naître des architectes-économistes, des urbanistes-fiscalistes, des politologues de l’urbain, des promoteurs aménageurs, des juristes-agriculteurs… Sans même parler des métiers qui sont appelés de plus en plus tôt dans les projets : techniciens et ouvriers du BTP, philosophes, festivaliers, historiens, sociologues, designers, professionnels de la concertation… Sans parler, non plus, de ces nouveaux acteurs qui ont tout simplement inventé de nouveaux métiers, en réponse à un certain appétit pour une ville différente : campeurs urbains, professionnels de l’occupation temporaire, artisans du réemploi, vendeurs de smart-city…